Ce dessin est troublant de par sa nature autobiographique. C'est l'oeuvre de XXX, 14 ans, une adolescente XXX confinée depuis plus de 15 mois avec sa mère, son frère et sa soeur dans trois pièces aménagées dans l'église Union, à l'intersection des rues Delisle et Atwater, où ils ont trouvé refuge.
L'endroit est beaucoup trop étroit pour une mère et ses trois enfants. Des livres, des vêtements et des biens sont entassés un peu partout dans le salon et dans l'unique chambre à coucher. Deux fenêtres laissent à peine pénétrer les rayons du soleil et une odeur de renfermé se dégage des tapis. De la cuisine, on a néanmoins accès à un petit balcon donnant sur la cour arrière. Mais XXX préfère que ses enfants n'y mettent pas les pieds quand il fait jour, même si on lui dit que c'est sans danger.
Mme XXX a peur. Visiblement nerveuse en entrevue, elle refuse de parler de son mari et s'assure continuellement que les raisons pour lesquelles elle craint pour sa vie en XXX ne seront pas évoquées. Elle insiste également pour ne pas être prise en photo. «Mais montrez aux gens comment c'est difficile pour mes enfants d'être enfermés ici depuis plus de 15 mois, insiste-t-elle. Ils ne peuvent pas sortir dehors ni aller à l'école.»
«Mon petit garçon, XXX, me demande souvent de sortir . Maman, je veux jouer dehors , me supplie-t-il. C'est difficile pour un enfant de 7 ans de comprendre ce qui se passe. » Le dimanche, XXX peut néanmoins se dégourdir les jambes en gambadant dans les allées de l'église quand elle se vide. « J'aime courir, dit-il. Je vois souvent des enfants jouer dehors et je ne peux pas aller les rejoindre.»
Les trois enfants s'ennuient de leurs amis montréalais. Pendant plus de deux ans, la jeune famille a vécu à LaSalle. «Je suis triste de ne plus aller à l'école, confie XXX. Je veux devenir une artiste.»
Chaque semaine, des enseignants rendent visite aux enfants afin qu'ils puissent poursuivre un peu leur cheminement scolaire. «Mes enfants sont contents quand ils voient des gens, explique XXX en les regardant avec tendresse. Le dimanche, à la messe, ils peuvent heureusement jouer avec d'autres enfants.»
«Nous lisons, dessinons et regardons beaucoup la télévision pour nous occuper», explique XXX, 12 ans. Ce qui lui manque le plus du monde extérieur? «Faire de la bicyclette.» «Et moi, courir!» rappelle son petit frère, ses grands yeux bruns pleins d'envie.
«Tout ce que je demande au gouvernement, dit sa mère, c'est que mes enfants puissent êtres libres.»
L'avocat de Mme XXX tente de convaincre le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration de revenir sur sa décision et d'accorder le statut de réfugiée à l'XXX.
Semaine de l'asile religieux
La Semaine de l'asile religieux, organisée à l'initiative de l'Église Unie du Canada, prend fin aujourd'hui. Des églises des quatre coins du pays se sont mobilisées pour que le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration régularise la situation des 12 personnes actuellement réfugiées dans des églises au Canada. Elles réclament l'établissement d'une procédure d'appel pour ceux qui demandent le statut de réfugié afin qu'ils n'aient plus à recourir à l'asile religieux.
À Montréal, un service interconfessionnel aura lieu à 15 h à l'église Union. Madeleine Parent, militante syndicale, et Meili Faille, députée de Vaudreuil-Soulanges et critique du Bloc québécois en matière d'immigration, y seront. Les participants seront invités à signer une carte postale qui sera envoyée à la ministre de l'Immigration, Judy Sgro.
À Montréal, outre la famille XXX, la famille XXX se terre depuis janvier dernier au sous-sol de l'église Notre-Dame-de-Grâce, alors que la famille XXX est à l'église St. Andrew's-Norwood, dans l'arrondissement de Saint-Laurent.
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